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Avides Lectures

Mes dernières lectures, coups de cœur ou déceptions, de la fantasy aux grands classiques.

[Paul CLEAVE] - Un père idéal

un-père-idéalTitre vo : Blood men (2010)

Broché paru le : 6 octobre 2011

Editeur : Sonatine

ISBN  : 978-2-355-84071-5

Nb. de pages : 405

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Résumé :

Jack Hunter a longtemps été un bon époux et un père idéal.

Un homme bien sous tous rapports, hormis cette petite manie secrète et discutable : le meurtre violent de prostituées. Aussi son fils Edward ne s'attendait-il pas à ce que la police vienne un jour frapper à la porte de leur maison si tranquille pour arrêter le premier serial killer de l'histoire de Christchurch, Nouvelle-Zélande. Vingt ans plus tard, Edward est à son tour devenu un citoyen modèle. Comptable sans histoire dans un cabinet d'avocats de la ville, il a tout fait pour oublier et faire oublier ses sombres origines.

Mais le jour où sa femme est sauvagement assassinée, c'est vers son père, toujours derrière les barreaux, qu'il va se tourner pour prendre conseil.

Ce que j’en ai pensé :

  Après « Un employé modèle » salué par la critique, Paul Cleave nous revient avec « Un père idéal », thriller psychologique virulent et cruel qui, non content de faire réfléchir son lectorat sur des questions  d’éthique et d’hérédité, réussit à émouvoir. Une très bonne pioche !

  Conté à la première personne, « Un père idéal » met en scène Edward Hunter, comptable tout ce qu’il y a de plus lambda, qui coule des jours paisibles auprès de sa femme et de sa fille dans la petite ville de Christchurch. Pourtant, on apprend dès le prologue que le narrateur n’est aussi ordinaire qu’il n’y parait, son père se faisant arrêter pour le meurtre de dizaines de prostituées quand il n’a que 9 ans. Dès lors, c’est la spirale infernale qui s’enclenche pour lui, jusqu’au jour où il rencontre sa femme et met son passé de côté. Pourtant, un jour, l’impensable se produit : sa femme se fait assassiner. Comment Edward va-t-il réagir ? Dans ses veines coule-t-il le sang d’un tueur en série, tout comme l’était son père ? La scène est posée, les protagonistes avancés, le compte à rebours vers l’horreur commence…

  De cet impensable tragédie va découler tout un enchainement d’événements, qui ne feront que précipiter un peu plus le héros vers l’abime de cette noirceur qui sommeille en lui. Et c’est là que l’auteur démontre toute son habileté à manier son intrigue, car au-delà de l’aspect thriller avec son lot d’hémoglobine et de violence, Paul Cleave nous offre également une tragédie bouleversante, sur fond de cynisme et d’interpellations. La petite ville de Christchurch est décrite comme une ville où la criminalité a la main haute, où les crimes restent impunis et les policiers sont au mieux des incapables. C’est cinglant à souhait, la critique cuisante mais point gratuite car l’auteur (à travers Edward Hunter) s’interroge sur le système. On montre du doigt les « fils de » (tueurs), tout en les gardant à l’œil, craignant qu’ils ne finissent pas sombrer du mauvais côté, mais existe-t-il réellement une hérédité du crime ? Ou est-ce la façon dont la société nous juge (coupable jusqu’à preuve du contraire) qui nous façonne ? Le narrateur s’interroge tout au long du roman, lui qui se sent brimé d’être le fils de Jack Hunter, tueur en série.

  Et pour une fois dans un thriller, nous avons le droit à un héros poignant, humain, certes déchiré par sa perte, mais que l’on ne peut  détester à aucun moment. Au contraire, Edward Hunter nous émeut et on finit par espérer pour lui un dénouement heureux, même si l’on sent qu’il n’en sera rien. La fin, poignante, m’a secoué, Paul Cleave réussissant avec pudeur à nous décrire l’inacceptable. L’auteur excelle véritablement dans la psychologie de ses personnages, leurs états d’âme décrits avec talent. Même l’inspecteur Schroder est  loin d’être un mauvais bougre, car il essaiera sincèrement d’aider Jack tout au long de l’intrigue. Néanmoins, « un père idéal » reste un thriller avant tout, certes différent des critères usuels - car plus étoffé au niveau de ces thèmes - mais tout de même assez sanglant avec certains passages particulièrement violents.

  En bref, « Un père idéal » est un thriller psychologique original, grinçant et abouti. Paul Cleave nous interpelle sur une criminalité du sang, sur un certain laxisme du système qui parait de plus en plus souvent comme dysfonctionnel. D’une intensité croissante, « Un père idéal » bluffe par son intrigue maitrisée, par ses révélations opportunes et son final bouleversant. Avis aux amateurs de thriller !

Ma note : 4/5

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