Mes dernières lectures, coups de cœur ou déceptions, de la fantasy aux grands classiques.
27 Octobre 2011
Titre vo : Freedom (2010)
Paru le : 18 août 2011
Éditeur : De l’Olivier
ISBN : 978-2-87929-657-9
Nb. de pages : 718 s
Prix constaté : 24€
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Résumé :
Patty a décidé une fois pour toutes d’être la femme idéale.
Mère parfaite, épouse aimante et dévouée, cette ex-basketteuse ayant un faible pour les bad boys a fait, en l’épousant, le bonheur de Walter Berglund, de St. Paul (Minnesota). A eux deux, ils
forment le couple « bobo » par excellence. En devenant madame Berglund, Patty a renoncé à bien des choses, et d’abord à son amour de jeunesse, Richard Katz, un rocker dylanien qui se trouve être
aussi le meilleur ami de Walter.
Ce que j’en ai pensé :
Depuis le temps que je voulais lire « Les corrections », l’auteur étant porté aux nues un peu partout, je me suis finalement décidée à tenter la plume de l’auteur à travers son
dernier roman « Freedom », proposé par Priceminister dans le cadre des Matchs de la rentrée littéraire 2011. Verdict ? Une très bonne découverte malgré quelques défauts mineurs qui
gâchent un peu le plaisir de la lecture…
« Freedom » se présente comme un saga familiale sur plusieurs générations. Découpé en quatre parties plus ou moins longues, l’auteur donne la parole aux divers membres de la famille,
qui exposent les faits et décortiquent leur passé familial, en se demandant où les choses ont commencé à sérieusement dérailler. L’auteur emploie des ellipses narratives, alternant avec des
phases de flash-back, une manière d’amener une certaine dynamique au récit. Et s’il est vrai que le roman s’avère captivant dans sa globalité, Jonathan Franzen usant de beaucoup de férocité
tandis qu’il passe au crible cette famille américaine dysfonctionnelle, il finit vite par perdre l’intérêt du lecteur face à cette multitude de détails - comme s’il cherchait à ne nous épargner
aucun moment de la vie de ses personnages (les évidences, la trivialité de la vie en somme). Dommage, car sur plus de 700 pages, impossible de ne pas ressentir une lassitude devant cette
redondance d’éléments de la vie domestique.
Cependant, il faut reconnaître que Jonathan Franzen excelle dans le genre satirique, « Freedom » en étant la parfaite incarnation. L’auteur analyse ses personnages d’un œil acéré
et impitoyable, chaque travers étant décrit avec justesse et une pointe d’humour noir. La femme au foyer devient désespérée et pathétique dans son souci de bien faire et dans sa recherche de
perfection, la figure du père manque d’autorité et de présence, et les enfants reproduisent à l’infini les erreurs de leurs parents… Lâche, pathétique, irresponsable, Jonathan Franzen n’est
certes pas tendre avec ses personnages, mais réussit quand même à nous les faire apprécier parce qu’ils sont humains, et que personne n’est parfait.
En plus de s’intéresser à disséquer une famille dysfonctionnelle type, l’auteur en profite pour analyser le climat politique et historique des Etats-Unis depuis les années 70 jusqu’à nos
jours. Critique acerbe des politicards et de leurs guerres ineptes, « Freedom » prend le pouls du pays et de ses habitants, qui ne se reconnaissent plus dans les choix de leurs
dirigeants. Jonathan Franzen mène habilement la danse tout au long du roman, et captive avec brio son lectorat. Là où le bat blesse, c’est que l’auteur ne peut s’empêcher de caricaturer à
l’extrême ses personnages (je prendrais comme exemple, le cliché du psychiatre qui possède invariablement des statuettes africaines dans son bureau). Certaines caractéristiques m’on paru éculées
et inutiles, je n’irai pas jusqu’à dire que ça manque de subtilité, mais l’auteur aurait nous épargner - avec raison - quelques stéréotypes.
En bref, si « Freedom » ne m’a pas paru indigeste en définitive, certaines longueurs ajoutées à quelques redondances maladroites
ont rendu ma lecture quelque peu pénible et lente. Objectivement parlant cependant, « Freedom » reste un roman fort, bien écrit, satirique à souhait et Jonathan Franzen décrit avec
maestria les travers des ses pairs. C’est grinçant, plein de dégoût et d’amertume envers le gouvernement américain, mais surtout chargé d’attentes pour l’avenir. A découvrir.
Lu dans le cadre des Matchs de la
Rentrée Littéraire entre Priceminister et les éditions de L'Olivier, que je remercie.