Mes dernières lectures, coups de cœur ou déceptions, de la fantasy aux grands classiques.
26 Juin 2011
Auteur : Élise
Fontenaille
Titre : Le palais de mémoire
Éditeur Calmann-Lévy
A paraître le : 17/08/2011
ISBN : 978-2-7021-4243-1
Nbr de pages : 144
Résumé :
Depuis que je suis revenu dans la fumerie, j’ai cessé de souffrir, je vis reclus dans mon palais de mémoire. Les yeux clos, l’embout brûlant entre les lèvres, je vois Jade tel qu’il m’apparut en
ce jour lointain, à la grande chasse d’automne, son faucon sur un bras…
Dans les limbes d’une fumerie d’opium, le jésuite Artus de Leys, déserté par la foi, déchiré par l’amour, hésite entre le réconfort de l’oubli et la douleur du souvenir. L’homme qu’il aime
n’existe plus que dans son esprit, et pour l’y faire revivre sans cesse, Artus bâtit un édifice imaginaire hérité d’un art antique : un palais de mémoire.
Au fil des « pièces » qu’il y ajoute, il se revoit arrivant en Chine pour former les jeunes lettrés de la Cité interdite à l’invitation de l’empereur Kangxi. Il revisite sa vie parisienne,
convoque ses amis d’antan. Il chevauche à travers la Mandchourie au côté de Jade, son élève bien-aimé, prince qu’il initie à l’ars memoriae et à la foi chrétienne. Mais Artus ne peut repousser le
souvenir du tour funeste que prendra leur passion, sous peine de voir s’effondrer son palais de mémoire…
À travers ce conte tourmenté, exquis, Élise Fontenaille entraîne le lecteur sur des chemins intellectuels, spirituels et sensuels, dans un voyage hypnotique.
Ce que j’en ai pensé :
Quelle magnifique découverte que ce court roman d’Élise Fontenaille ! Un roman tout en langueur, poétique et musical, dont l’écriture a su si bien m’envoûter. Construit à base de courts
chapitres où les mots riment avec délice, l’auteure parvient à nous faire pénétrer le palais de mémoire de son protagoniste, Artus de Leys, jésuite exilé à la cour de Chine en des temps
ancestraux. Non contente de nous narrer en une économie de pages, un récit riche et entier, Élise Fontenaille nous berce avec la sonorité de ses phrases, opulentes et mélancoliques. Cette
plume à laquelle j’ai été très sensible, m’a rappelé les poèmes de Baudelaire par certains aspects.
Bien que ce roman soit plutôt court (moins de 150 pages), le récit s’avère dense tant les sentiments y sont exaltés et bien décrits. La passion entre Artus et Jade est très sensuelle -
sans jamais être trop crue - et l’on tremble pour les deux amants emportés par cette guerre de religions. Le côté historique de l’histoire n’apporte que plus de force à ce récit où les ravages de
l’Opium apparaissent dévastateurs et sont très bien rendus. Un roman éthéré et poétique qui m’a conquise !
« Lu dans le cadre de l’opération de rentrée littéraire
Libfly/Furet du Nord. »